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27 octobre 2012 6 27 /10 /octobre /2012 13:23

Pendant ce temps, Krim Belkacem prit la décision d'écarter Ressaâ Mazouz du commandement de la zone 1, à cause de son lien de parenté avec Amara Bougiez, et de déléguer Abdelkader Chabou, Mohamed Alleg et un jeune officier répondant au nom de Sahraoui, à la région. Sur place, Chabou consultera les chefs de région, Haddad Abdennour, Kara Abdelkader et Bouterfa El Fadhel, sur celui qui serait le mieux indiqué pour succéder à Mazouz; tous lui donnèrent le nom de Chadli Bendjedid. C'est ainsi que je devins chef de la zone 1. Dans le souci d'arrêter l'engrenage de la crise, nous décidâmes, nous les chefs des zones 1 et 3, de charger Bensalem de prendre contact avec Mohammedi Saïd en vue d'organiser une rencontre avec un représentant du GPRA, afin de tirer les choses au clair, et éviter une confrontation fatale entre frères...
...Nous prîmes la route, Abderrahmane Bensalem, Zine Noubli et moi-même, en compagnie de Mohammedi Saïd - très à cheval sur les horaires de prière bien que nous fussions en déplacement - en direction de Tunis, où le groupe était incarcéré. Il y avait Krim Belkacem et Bentobal - Boussouf étant absent.Les deux premiers cités avaient pu convaincre Lamouri de nous demander de revenir à la légalité. Je me souviens encore de ses supplications: «Au nom de la fraternité, au nom des moudjahidine, au nom des principes de la Révolution, rentrez dans les rangs et laissez notre sort entre les mains du GPRA!»
Nous eûmes beau essayer de persuader les membres du gouvernement provisoire que la réunion en question était une simple réunion de consultation pour essayer de trouver une solution à la situation, Krim et Bentobal persistèrent à dire que Lamouri et ses camarades fomentaient un coup d'Etat contre les dirigeants de la Révolution «pour le compte d'intérêts étrangers». Nous leur demandâmes de les maintenir en prison et de ne pas les exécuter; demande qu'ils approuvèrent avec, cependant, la condition de leur livrer Ahmed Draïa, qui avait réussi à s'échapper et à rejoindre le territoire national. Lors de la rencontre, Mohamed-Chérif Messaâdia, se tenant au loin, me faisait signe qu'il ne fallait pas les croire.
Les traces des tortures qui avaient été infligées par les éléments des 3 «B» étaient perceptibles sur le visage tuméfié de Lamouri. Aouachria, quant à lui, se tourna vers Bensalem et lui lança: «Prends soin des enfants, Bensalem!» Il savait sans doute le sort qui l'attendait. Il était dit que Bourguiba aurait proposé sa protection à Lamouri, mais celui-ci l'aurait déclinée, préférant s'en remettre à ses compagnons d'armes.
Rentrés au pays, nous leur avons livré, comme entendu, Draïa. Après la fin de l'enquête, un tribunal a été mis en place, sous la présidence de Houari Boumediene, avec Ali Mendjeli comme procureur et Kaïd Ahmed et le colonel Sadek comme assesseurs. Les colonels Lamouri et Nouaoura, le commandant Aouachria et le capitaine Mostafa Lakehal seront finalement exécutés; les autres seront condamnés à des peines de prison allant de quatorze mois à deux ans. Ces exécutions vont avoir des conséquences néfastes sur le moral des soldats et des officiers qui ne feront plus confiance au GPRA, et encore moins aux trois «B». Les tentatives de dissidence, de désobéissance et de désertion vont se multiplier.
Lorsque Boumediene prit le commandement de l'état-major, il libéra Belhouchet, Draïa, Messaâdia et Lakhdar Belhadj, et les chargea, avec Abdelaziz Bouteflika, d'ouvrir un front au Mali.

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Published by MoDemTunisien.over-blog.com - dans Articles de Presse