En Tunisie, nous vivons un paradoxe politique et économique confus.
Nul besoin de vitupérer le gouvernement, il s’en charge à merveille.
En distillant ainsi à doses homéopathiques certaines mesures, pour s’en offusquer de la divulgation de fausses mesures au passant. Voilà une forme de tartufferie bien tunisienne.
Voilà pourquoi, il est impossible en Tunisie de discuter objectivement des problèmes du présent et des exigences de l’avenir.
Désavouer l’autre, ou ridiculiser certaines propositions semblent être un étendard choisi.
Sachant que : Promettre moins d’impôts nouveaux dans la situation actuelle des finances publiques, des caisses sociales et de la caisse de compensation. C’est tomber aussi dans un populisme béat.
La France a connu ce genre de mesurettes qui ont commencé par les « serisettes »( du nom du conseiller de Giscard Jean Sérisé), les chiraclettes, les juppettes et les sarkozettes pour finir avec une de mon invention : Les moscoviccidettes (du nom du ministre de l’économie : Moscovicci)
Pour la Tunisie , nous assistons à une forme ce que j’appelle les « chahedettes » qui ne sont pas des testaments mais des demi-mesures et des vœux pieux. Nous aurons aimé plus d’audace pour assurer le décollage économique, et des réformes plus structurantes.
Nous aurons aimé un guichet unique pour les créateurs d’entreprise, et mettre fin ainsi à certaines formes de bureaucratie administrative comme la légalisation de signature.
En France : Quand il vous manque une pièce administrative, il suffisait de soussigner sur l’honneur sur une feuille blanche et toute fausse déclaration est passible de poursuites.
Il manque aussi ce que François Perroux a appelé « Les paris sur les structures neuves » qui sont les piliers qui piloteront le développement et la compétitivité de l’économie.
Les incitations fiscales sont nécessaires mais ne sont pas suffisantes. Il manque une politique de grands projets qui sera un catalyseur de la future croissance et un signal fort pour les investisseurs étrangers.
Le lancement d’un plan fibre optique avec une architecture internet qui doit atteindre pour chaque foyer 100 megabits aurait été le grand projet du 21ème siècle (notre proposition du 2 juillet 2016).
1 euro investi aura créé 3 euros d’activité. Ainsi 10 millions d’euros investis génèreront 30 millions d’euros d’activité. Pour une TVA à 20%, l’Etat récupère 6 millions de taxes, soit 60% du montant emprunté (10 millions), ce qui permettra d’assurer un objectif louable : La lutte contre les poches de pauvreté et l’habitat insalubre.
Certains se réjouissent que certains clignotants sont au vert à prix courant, mais à prix constant, et en tenant compte de l’inflation et de la baisse du dinar par rapport à l’Euro et du dollar. Ces mêmes clignotants sont toujours au rouge et on essaie d’occulter cette vérité économique criante.
L’économie tunisienne ne doit pas seulement retrouver les équilibres fondamentaux ; elle doit être capable de s’engager dans la mondialisation en engageant aujourd’hui et maintenant les adaptations nécessaires.
Ces adaptations constituent la clef de voute de la prospérité de demain.
Dire la vérité aux gens et expliquer cette vision d’une croissance de progrès : Voilà le message que le gouvernement doit porter, l’expliquer et le faire partager.
Dire que certaines mesures peuvent être douloureuses mais que l’Etat encourage les partenaires sociaux à adopter un nouveau contrat social : Le partage des bénéfices en contrepartie d’un effort pour une meilleure productivité ( notre proposition du 8 Aout 2016)
C’est cette volonté d’affronter les défis d’avenir qui doit guider le gouvernement, mais c’est aussi la volonté d’une vraie justice sociale qui doit l’animer.
Le cercle vertueux de l’économie n’est magique que s’il intègre les paramètres économiques et sociologiques.
A bon entendeur.
Salut
جمال بن جميع