Adonis : "La religion est un besoin existentiel digne de respect. La religion, sous les aspects idéologique et politique, doit toutefois demeurer complètement séparée de la société et de l’état. Elle devrait se limiter à organiser la relation entre l’individu et le spirituel, ou Dieu.
La société, de son côté, existe pour les citoyens humains et doit être régie par la loi, et non par l’inspiration divine. Si nous n’accomplissons pas cela, je ne pense pas que nous puissions instaurer une démocratie. Nous parlons beaucoup de démocratie, mais cela est impossible car toutes les idéologies nient la démocratie, et cela d’autant plus quand il s’agit d’une idéologie religieuse.
L'idéologie religieuse nie la démocratie à deux niveaux : sur le plan politique théorique et sur le plan de la religion. Sur le plan de la religion, « l’autre » ne peut exister que comme un infidèle. Tant que l'aspect religieux prévaut dans la société - dans ses institutions, sa culture, son droit, et sa législation - nous ne serons pas en mesure d'atteindre la démocratie ou de bâtir une société civile.
Depuis les 50 dernières années, au minimum, les Arabes ont appelé à la révolution, à des réformes, au progrès, à la libération du colonialisme, et ainsi de suite, mais les résultats de ces 50 années, comme nous le savons tous, ont été des catastrophes et la régression à tous les niveaux. Au nom de l'unité, nous avons été divisés en lambeaux, au nom de la liberté, nos pays ont été transformés en prisons, et au nom du socialisme et du panarabisme, nous avons été poussés vers la pauvreté et l'itinérance."